Après avoir lancé le débat public sur les gaz de schiste en décembre dernier, le mouvement écologiste CAP21 vient d’adresser une lettre à Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Ecologie pour s’inquiéter des conditions techniques de l’exploration et de l’extraction des gaz de schiste et demander une suspension des permis de recherche dans l’attente d’une expertise indépendante et d’un cadre juridique offrant les garanties nécessaires tant sur le plan sanitaire et environnemental que sur le plan de l’information des élus et populations concernés.
Madame la Ministre,
CAP21 s’est intéressé au dossier des gaz non conventionnels en lien avec des associations d’Amérique du Nord et a lancé début décembre un portail d’information sur le sujet (www.deleaudanslegaz.com) au vu des nombreuses questions environnementales posées par l’exploitation de ces gaz, notamment par la technique de la fracturation hydraulique.
La fracturation hydraulique utilise de nombreuses substances chimiques dont certaines ont une toxicité reconnue et qui pourraient affecter les ressources en eau et la santé de la population. De nombreux cas de contamination de l’eau souterraine sont rapportés dans la littérature américaine et des villes comme New York instaurent des moratoires pour protéger leur ressource. L’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) vient de lancer une vaste expertise sur le sujet et les résultats devraient être publiés vers la fin de l’année 2012.
Par ailleurs, la production utilise des combustibles fossiles et génère des gaz à effet de serre tout en polluant l’air avec des composés organiques volatils.
Des accidents et incidents en lien avec les activités se produisent régulièrement, la gravité des atteintes à la santé allant de blessures légères à des décès. Des causes multiples sont associées à ces évènements (erreurs humaines, défaillances matérielles, erreurs techniques, entreposage inadéquat, migration de gaz, accidents de transport, etc.).
Au vu de ces éléments, nous nous inquiétons des permis d’exploration qui ont été délivrés sur le territoire national. Votre directeur adjoint de cabinet, Mr Jean-Marie Durand se veut rassurant sur le sujet en indiquant que les forages à réaliser sont des puits de reconnaissance faisant appel à des techniques classiques encadrées par arrêté préfectoral.
Nous n’avons cependant pas les mêmes informations. Une note de GDF SUEZ d’octobre 2010 sur le permis de recherches de Villeneuve sur Berg indique que des tests de production de deux mois seront réalisés après fracturation hydraulique dans l’hypothèse où les données recueillies lors des forages semblent positives, de manière à mettre les puits dans des conditions proches de celles de l’exploitation. Le gaz sera brûlé sur place et les eaux du process seront « traitées sur place ou en station d’épuration ».
Dans ces conditions d’incertitudes et de risques, nous attirons votre attention et sollicitons la suspension des permis dans l’attente d’une expertise sur les impacts des technologies actuelles d’exploration et d’extraction et d’un cadre juridique offrant toutes les garanties tant en terme d’information des élus et de la population qu’en terme de préservation de la santé et de l’environnement.
Nous vous prions de croire, Madame la Ministre, en l’assurance de notre considération respectueuse.
Le Président délégué Eric Delhaye