samedi 10 mai 2014

Municipales 20 mars 2014 Communiqué de presse CAP 21 Ile de France: « Pollution et santé publique: lettre ouverte de CAP 21 Ile de France à tous les candidats aux municipales



Municipales -20 Mars 2014

« Pollution et santé publique: lettre ouverte de CAP 21 Ile de France à tous les candidats aux municipales :

Le pic de pollution aigue tel que nous l’avons connu depuis le début de la semaine dernière en Région Parisienne concerne l’Etat, mais pas seulement, les municipalités aussi.
La pollution atmosphérique concerne, et questionne, les villes et agglomérations sur l’ensemble du territoire national et plus particulièrement de l’Ile de France, car celle-ci est plus durement et plus fréquemment touchée.
Les municipalités ont donc un rôle significatif à jouer. Il importe que les candidats aux élections municipales puissent prendre la mesure de la tâche qui leur incombe, mais prennent également des engagements vis-à-vis de leurs électeurs.
En effet, dès ce lundi 17 mars, des conditions météorologiques plus favorables ont participé à la fin de l’épisode de pic de pollution, faisant ainsi disparaître progressivement ce problème de l’actualité. Au fil des jours, les projecteurs des médias se détourneront de ce sujet, bien que le niveau de pollution reste toujours trop élevé. Et si rien n’est fait, si ce sujet retombe dans l’oubli, si les leçons ne sont pas tirées et des actions mises en œuvre, il y a fort à parier que nous connaîtrons rapidement d’autres épisodes de pics de pollution.
Et ce mercredi 19/03, les niveaux maximum sur les stations mesurant la pollution ambiante aux particules fines de l'agglomération s’échelonnaient encore entre 25 et 35 µg/m3, alors que l’Organisation Mondiale pour la santé préconise un maximum à 20 µg/m3.

CAP 21 souhaite interpeller l’ensemble des candidats aux municipales, interpeller tous ceux et celles qui sollicitent le suffrage de leurs concitoyens et se sentent prêts à assumer des responsabilités, sur 2 points :
1) la pollution atmosphérique d’une part,
2) la prévention du dérèglement climatique et l’adaptation au plan Climat 2015 d’autre part.


-       1) La pollution atmosphérique :

La semaine passée, la pollution de l’air n’a échappé à personne. Pendant plus d’une semaine, elle a été visible, elle a été palpable. Les simples citoyens, les habitants de grandes agglomérations, mais aussi des petites, les villes, la campagne, les parents d’enfants en bas âge, les asthmatiques, les personnes âgées, tout le monde s’en est rendu compte.
La réglementation européenne impose pourtant pour les particules fines (les particules issues de combustion au diamètre inférieur à 10 micromètres, les fameuses « PM 10 », voire les « PM 2,5 » encore plus fines et plus pénétrantes dans les alvéoles pulmonaires) une concentration annuelle moyenne maximale de 40 microgrammes par mètre cube (µg/m3) et une concentration journalière de 50 µg/m3 à ne pas dépasser plus de 35 jours par an. Or depuis 2011, 12 millions de Français sont régulièrement exposés au dépassement de ces valeurs, et l’Ile de France dépasse les seuils annuels et journaliers !
Les chiffres évalués pour les décès prématurés imputables à cette pollution font encore débat, estimés entre 19.000 et 42.000 décès prématurés en France, selon les organismes et les méthodes utilisées. Cependant, aucun besoin d’être un grand scientifique pour se douter que ce n’est bon pour la santé de personne…
Il est à noter également qu’outre les périodes de pics aigus de pollution, les effets sur la santé sont observés y compris en l’absence de pics de pollution, selon l'Institut de Veille Sanitaire, et qu’en exigeant le simple respect des recommandations édictées par l'Organisation Mondiale de la Santé (soit 20µg/m3), on pourrait éviter un millier d'hospitalisations pour des raisons cardiaques ou respiratoires par an en France.
Toutefois, comment ne pas s’étonner de l’absence de réaction des pouvoirs publics ?
Certes on a mis en œuvre une réduction de 20km de la vitesse sur les grands axes (respectée ???), des directives « molles » envoyées aux écoles et aux collèges, des vélib’s gratuits à Paris (pour les abonnés !) au bout de 4 jours, des transports gratuits au bout du 5e jour (pour les utilisateurs occasionnels ! Rien n’étant fait pour les abonnements annuels… Paradoxalement, les « vertueux » qui utilisent les transports en commun régulièrement n’ont rien, et ce sont ceux qui « polluent » les autres jours de l’année qui se retrouvent bénéficier de cette mesure…).
Mais aucune action d’urgence énergique pourtant nécessaire dès le 1er jour (circulation alternée, arrêt des véhicules « polluants », interdiction à la circulation dans certaines zones), ni aucun début d’un plan d’action de long terme résolu et ambitieux…

Les candidats, dont certains étaient déjà aux affaires depuis une ou plusieurs mandatures, se fendent de déclarations volontaristes mais les citoyens sont en droit de demander de vrais engagements et de vrais plans d’actions.
La pollution atmosphérique (ozone (O3), particules fines (PM), dérivés d’azotes (NOx), benzène (C-H6), hydrocarbures, métaux(ex : plomb), dioxyde de soufre(SO2), dioxines, pesticides…) est complexe à juguler. Mais les solutions à mettre en œuvre sont déjà largement connues : essentiellement des économies dans la consommation d’énergie et dans le trafic routier.

Selon les études d’AIRPARIF, « le trafic routier représente plus du quart des rejets de gaz à effet de serre, plus de la moitié des rejets d'oxydes d'azote, environ un quart des émissions de particules PM10 et PM2,5 et plus de 15 % des émissions d'hydrocarbures (composés organiques volatils non méthaniques ou « COVNM »). Quant au secteur résidentiel et tertiaire (chauffage essentiellement), il est la première source de gaz à effet de serre (plus de 40 % des émissions) et pèse pour plus de 20 % dans les rejets d'oxydes d'azote (NOx), près de 30 % des émissions de particules PM10 et de 40 % des PM2,5 et 30 % des émissions d'hydrocarbures (COVNM). Enfin, les industries jouent un rôle non négligeable sur les deux tableaux, avec près de 20 % des rejets de gaz à effet de serre, 15 % des rejets d'oxydes d'azote, près de 30 % pour les PM10 et près du quart pour les PM2,5. » (Source : http://www.airparif.asso.fr/)

Une action concertée auprès des 3 sources principales des polluants atmosphériques et d’émission de CO2 est désormais plus que nécessaire.
Et nous avons besoin d’un engagement concret de chaque candidat aux municipales à ce sujet !
CAP 21 demandent aux candidats de s’engager à promouvoir résolument le panel de solutions proposées pour diminuer durablement la pollution de l’air :
-       Pour le trafic routier : réduction de la vitesse sur la route, schéma directeur de circulations douces pour l'agglomération, développement de la part des transports en commun ( quid de l’écotaxe récemment reléguée aux calendes grecques sous la pression de lobbys ayant mal compris l’intérêt global ?), engagement à soutenir politiquement la fin de la niche fiscale exhorbitante du diésel, développement des transports multi-modaux (interconnexion des transports, micro-bus, places de parking accessibles et bon marché près des gares en banlieue…), incitation au co-voiturage, incitation à l’utilisation de véhicules hybrides (bornes de rechargement en plus grand nombre),
-       Mais également pour les ménages et le bâtiment : travaux de rénovation et d’isolation thermique des bâtiments (rénovations énergétiques de bâtiments communaux :écoles, gymnases...), un plan climat énergie territorial, nouvelles constructions en HQE, BBC et « passives », plan sur le chauffage collectif, isolation/abaissement de la température des logements, point info énergie et aides contre la précarité énergétique, limitation des engrais azotés dans les espaces verts et en agriculture…



-       2) La prévention du dérèglement climatique et l’adaptation au plan Climat 2015 :

Bien que le lien entre les différents épisodes d’inondations, d’alertes submersion, de tempêtes, et le dérèglement climatique engagé ne soit pas avéré, ces différents épisodes parfois dramatiques, et en tout cas toujours traumatisants, ont permis à nos concitoyens de toucher du doigt ce qui pourrait être la conséquence d’un des pires scénarios appelés par le réchauffement climatique.
Paris accueillera l’année prochaine la conférence sur le climat.
Mais que faisons-nous vraiment pour nous y préparer ?

Les solutions à mettre en œuvre sont non seulement nombreuses mais connues depuis des années. Par faiblesse face aux lobbys, par manque de courage, par manque de pédagogie vis-à-vis du public, ni l’Etat, ni les municipalités n’ont osé préparer et encore moins mettre en œuvre les plans de prévention et les plans de réduction des émissions de CO2 nécessaires. Au motif que tout ceci coûterait cher aux consommateurs, à la croissance, aux industriels, aux ménages, rien n’a été commencé alors que chacun de nos concitoyens mesure désormais les coûts faramineux des inondations, de l’érosion du littoral, des incidents climatiques extrêmes.
Que coûterait réellement à l’économie francilienne (et française) une inondation de grande ampleur à Paris, une agglomération paralysée pendant quelques semaines, des infrastructures ou des sites industriels et d’entreprise immergés et rendus définitivement inutilisables ??? Les milliards (de 3 à 30 selon les experts) et les points de PIB (0,1 à 3%) évoqués par les experts donnent le tournis.

Ceci est-il comparable à un effort courageux mais collectif, planifié et étalé dans le temps ?
Qu’attend-on ?
Les solutions évoquées pour lutter contre la pollution de l’air ci-dessus sont également valables et opérantes.

Selon AIRPARIF, « Pollution atmosphérique et réchauffement climatique dus au gaz à effet de serre constituent des phénomènes séparés mais très liés », non seulement dans les solutions à mettre en œuvre, mais également dans l’engagement politique qu’ils réclament.

Parmi les candidats aux municipales, certains se présentent courageusement pour la première fois, d’autres ont été aux manettes depuis une ou plusieurs mandatures.
Parmi les premiers, CAP 21 souhaite pouvoir compter sur leur fraîcheur et la force de leur conviction.
Pour les seconds, les franciliens entendent aujourd’hui des promesses qu’ils auraient été en mesure de mettre en œuvre et espèrent qu’ils passeront à l’action.

L’écologie ne peut se résumer aux parcs et jardins.
Elle ne peut pas non plus servir de faire valoir, ni de sujet du jour au gré de l’actualité, vite balayé par un autre.
Les projecteurs des médias se braquent aujourd’hui sur ce sujet, mais demain ?
Pour CAP 21, ce bel élan qui a saisi l’opinion publique ne doit pas être relégué aux oubliettes, et il convient d’exiger des actes.

Candidats aux municipales, engagez-vous ! »


Alexandra Sirot, Déléguée Régionale Ile de France CAP 21

Remerciements à Yves Lenoir (http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/290612/diesel-nuit-gravement-la-sante-et-leconomie), et à Jean-Marc Naumovic, Adjoint au maire, Villepinte