Cancun – 11 décembre
A Cancun, Corinne Lepage salue un accord inespéré
qui représente une victoire du multilatéralisme
« Ce qui s'est passé à Cancun est aussi inespéré que plein d'espoir. Même si l'on est encore loin du compte pour éviter une hausse de la température au-dessus de 2°C, il faut se réjouir de l'accord de Cancun, qui marque la reprise du processus multilatéral de l'ONU. Cet accord est une claque aux climato-sceptiques et à tous les lobbys qui ont cherché à entraver la marche des peuples du monde vers une gestion collective du plus grand défi auquel ils sont confrontés.
Ce succès inespéré est en grande partie dû à la présidente de la conférence, Mme Espinosa, qui a su rétablir la confiance par sa diplomatie et son sens des relations humaines. En établissant un processus transparent et ouvert, la présidence mexicaine a permis de créer le dynamisme nécessaire pour dépasser les obstacles et les à priori avec lesquels certains Etats étaient venus à Cancun.
Cet accord n'est certes pas un accord avec des objectifs contraignants permettant d'envisager de rester en dessous des 2°C d'augmentation de la température. Il n'en demeure pas moins qu'en ancrant les engagements de Copenhague dans le processus onusien, cet accord ouvre la voie à une nouvelle phase beaucoup plus rigoureuse à Durban. Il permet également d'ores et déjà de mettre en oeuvre un fond vert, un accord sur les forêts, des engagements sur les modalités de vérification et de contrôle, et sur les transferts de technologie. Certes l'essentiel reste à faire pour définir les ressources qui alimenteront le fonds vert et pour s'assurer que les engagements seront tenus.
Cet accord permettra le renforcement de toutes les politiques, notamment européennes, mises en place pour engager la lutte contre le changement climatique. Il faut espérer qu'il constituera également un signal fort en faveur des activités économiques liées à la sobriété énergétique et aux énergies renouvelables.
En donnant une perspective claire, Cancun a inversé la spirale infernale dans laquelle Copenhague nous avait enfermés, mais il ne s'agit que d'une première étape et il faudra beaucoup d'énergie et de volonté pour transformer en succès définitif ce qui n'est qu'une première victoire. »
Corinne Lepage est membre de la délégation officielle du Parlement européen à la Conférence de Cancun.