samedi 9 juillet 2011

"Le soleil est démocratique, pas le nucléaire" selon le philosophe Ulrich Beck

Lu dans le Monde, l'excellent article de Ulrich Beck, sociologue et philosophe
"Enfin l'ère postnucléaire" démontrant tranquillement que "Ce qui est en train de prendre le pouvoir, ce n'est pas cette légendaire irrationalité allemande, mais la foi dans la capacité d'apprentissage et dans la créativité de la modernité face aux risques qu'elle a elle-même engendrés" le sociologue propose une analyse critique au cordeau des arguments non-pertinents pour défendre le nucléaire et apprécier pleinement le risque et ses conséquences à très long terme pour les hommes et leur environnement.
Son approche économique rencontre ici celle si bien étayée de Corinne Lepage dans son bouquin"la vérité sur le nucléaire, le débat interdit" : un juste et ferme écho !
Mais U. Bech n'est pas innocent sur les motivations allemandes et relève  comment cette option politico-économique constitue un formidable gisement d'initiatives. Pourquoi continuer à se faire du mal avec le nucléaire alors qu'on peut se faire grand bien ... et  doublement si l'on est les premiers à occuper le terrain pour protéger, faire de bonnes affaires et créer des « jobs » ?
Mais très vite, on quitte le terrain du business et le lecteur est  entraîné dans le tourbillon passionnant de cette mutation historique qui touche notre civilisation … et des conséquences heureuses de reconquête de politique, selon l'auteur : parer le risque nucléaire nous contraint à refaire société et à reposer autrement les enjeux de notre devenir. "Le soleil est démocratique", pas le nucléaire ! 
La conclusion, bien que déroutante pour un français construit sur les traditionnels mais faux clivages gauche/droite est pourtant très fine : "Seul un gouvernement conservateur et proche des milieux économiques peut négocier un tel virage énergétique" ! Evidemment, il parle de l'Allemagne et de ceux qui gouvernent ce pays...
En France, y'a encore un sacré boulot de ce côté-là mais d'autres y travaillent, et pas du tout conservateurs pour un rond ...
Estelle Le Touzé